Kap sur… la pédagogie par le jeu

Kap sur… la pédagogie par le jeu

« L’issue d’un jeu est incertaine, le plaisir qu’il apporte est incontestable. » Proverbe malais

Pourquoi a-t-on besoin du jeu ?

Le monde dans lequel on vit évolue sans cesse, il est important de comprendre ces changements…

Un monde en mouvement

« Les progrès fulgurants de l’intelligence artificielle et de la robotique sont en train de modifier la société en profondeur » affirme François Taddei (1), directeur du Centre de recherches interdisciplinaires.

En effet, des études concluent que la moitié des métiers actuels auront disparu dans vingt ans, remplacés par des robots et ordinateurs. De même, 85% des métiers de 2030 n’existent pas encore selon un rapport de Dell et de « l’Institut pour le Futur » de 2017 (2).

Or, l’école a été conçue pour transmettre aux enfants le patrimoine construit par les générations précédentes. Si nous continuons alors à sélectionner les enfants et les employés sur leurs capacités à reproduire les solutions d’hier, le décalage avec les enjeux d’aujourd’hui et de demain ne sera que grandissant.

« Les machines sont en effet capables de résoudre des problèmes classiques plus vite et plus sûrement que les Hommes. » précise François Taddei qui ajoute que « leurs capacités de mémoire et leur puissance de calcul dépassent de loin celles des humains ». Si nous ne pouvons pas rivaliser avec les machines sur la mémorisation des solutions d’hier, il va donc falloir créer nos solutions de demain et commencer à apprendre différemment.

Pourquoi ne pas commencer par « Sauver le monde en jouant », cette vidéo vous éclaire:

Dans cette vidéo, l’équipe de Et tout le monde s’en fout nous montre avec humour la force et la puissance du jeu pour répondre à des problématiques sociétales.

Ils dénoncent notamment le mode de pensée consistant à croire que « résoudre un sujet important, ce serait incompatible avec le plaisir… » et donc avec le jeu !

Le Parc naturel régional de l’Avesnois, qui n’est pas de cet avis propose à ses habitants de devenir des agents secrets pour sauver la planète ! Le parc a édité sa propre déclinaison du jeu Sneaky Cards  avec pour objectif de sauvegarder son environnement. 😉

Une vidéo drôle traitant des enjeux du jeu pour la société… nous on adore !

Au cœur des Hommes

Il existe des domaines dans lesquels les machines ne peuvent pas remplacer l’Homme. On va en effet continuer à confier aux humains les tâches qui exigent des capacités relationnelles. Les machines, contrairement aux Hommes, ne sont pas capable d’éprouver de l’empathie. De même que ces dernières ne s’interrogent pas sur le sens de leurs actions. Il ne s’agit désormais plus de savoir si nous pouvons développer une nouvelle technologie mais si nous le devons, d’un point de vue éthique.

La curiosité, la capacité à se questionner, le goût d’inventer, la réflexion éthique, la coopération, la bienveillance… Toutes ces compétences sont désormais essentielles à développer pour faire face aux enjeux du monde actuel. Mais alors, comment y parvenir ?

Le jeu… le plaisir d’apprendre

« Arrête de jouer ! Travaille ! » Qui n’a jamais entendu cette injonction ? Bien ancrée dans certains esprits, le jeu et le travail ne sont pourtant pas antinomiques.

Bien au contraire, le jeu est un outil redoutablement efficace pour les apprentissages !

Pas d’inquiétude si vous avez le réflexe de séparer « jouer » et « apprendre », cela vient probablement de votre éducation (3). On connaît tous ce discours vieille école affirmant que l’apprentissage est une activité sacrée qui nécessite un sérieux constant, une absence de plaisir et une bonne dose d’austérité. Vive l’angoisse !

Alison Gopnik, connue pour ses travaux sur le développement cognitif affirme que le jeu est naturel chez l’espèce humaine. La professeur de psychologie à l’université américaine de Berkley déclare que « la sélection naturelle a favorisé la curiosité, l’envie d’apprendre, chez le très jeune enfant. Lorsqu’il joue, il émet en permanence des hypothèses et les teste. Il apprend par essais-erreurs, de manière intuitive ». Mais pourquoi réserver cela à l’enfant ? C’est ce que dénonce Stuart Brown dans cette vidéo :


Pionnier dans la recherche sur le jeu, Stuart Brown dit que l’humour, les jeux, les bagarres, le flirt et l’imagination sont plus qu’un simple amusement. Passer beaucoup de temps à jouer pendant son enfance permet de devenir un adulte heureux, intelligent — et continuer à jouer peut nous rendre plus intelligent à n’importe quel âge.

« Le monde est un terrain de jeu, tous les enfants savent ça, mais on finit par l’oublier en grandissant. »

Extrait du film « Yes Man » de Peyton Reed

Mais quand utiliser le jeu ?

Chez Kaperli, on aura tendance à vous dire « le plus souvent possible ! ».

Cependant, voici trois situations principales :


Illustration Kaperli – D’après Hélène Michel, professeure de management de l’innovation et game designer à Grenoble école de management (GEM).

Et le feedback ?

Pour être efficace, le jeu doit être intégré à un déroulé pédagogique comportant des phases de débriefing et de feedback. L’apprenant prend du recul par rapport à la séquence de jeu et peut comprendre ce qui s’est passé à cette occasion. (4)

Qu’en disent les sciences cognitives ?


13 conseils pour mieux apprendre, par le neuroscientifique Stanislas Dehaene – France Culture – 09/09/2018

Le jeu répond aux 4 piliers de l’apprentissage. Ce sont les quatre facteurs principaux de réussite d’un apprentissage identifiés par les sciences cognitives : l’attention, l’engagement actif, le retour d’information, et enfin, la consolidation. (5)

1/ L’attention

L’attention, un filtre qu’il faut savoir captiver et canaliser. Ce filtre nous permet de sélectionner une information et de la traiter.

Le jeu permet en effet de capter facilement l’attention, il favorise les interactions avec autrui et donne la possibilité de tester directement chaque « découverte ». Captiver l’attention n’est pas chose évidente, comme l’illustre à merveille cette célèbre vidéo ci-dessous.


Le but : compter le nombre exact de passes que font les joueurs habillés en blanc.
Serez-vous attentifs ?..

2/ L’engagement actif

Pour faire simple : un organisme passif apprend peu. On recherchera donc un engagement actif ! Les apprenants doivent pouvoir se tester. Rendre les conditions d’apprentissage (raisonnablement) plus difficiles va paradoxalement aboutir à un surcroît d’engagement et un effort cognitif, synonymes de meilleure attention.

Le jeu, par le fait de vivre une expérience physique, fait naître des émotions qui vont favoriser l’engagement et l’ancrage mémoriel. Ces ressorts ludiques sont, par conséquent, un très bon moyen de susciter l’intérêt des apprenants.

« Quand l’objectif est de comprendre […] ce qui est important c’est le fait d’être actif cognitivement, de réfléchir, de se poser des questions, de faire des hypothèses ». (6)

Illustration Aurélie Alléon – Kaperli

3/ Le retour d’information

L’erreur est humaine mais aussi… indispensable. Si l’activité plutôt qu’une écoute passive est capitale, elle ne suffit pas. « Le cortex est une sorte de machine à générer des prédictions et à intégrer les erreurs de prédictions : il lance une prédiction, reçoit en retour des informations sensorielles, et une comparaison se fait entre les deux. La différence crée un signal d’erreur qui va se propager dans le cerveau et qui va permettre de corriger et d’améliorer la prédiction suivante. » explique Stanislas Dehaene. Le retour d’information est donc essentiel.

Seulement, cette erreur doit être activement remarquée par l’apprenant et ne doit ne pas être sanctionnée, le stress étant un inhibiteur d’apprentissage.

Le jeu offre la possibilité du processus essais-erreurs tout en dédramatisant justement ces erreurs. Dans un jeu les conséquences des erreurs sont minimisées. Elles apparaissent comme des informations qui ouvrent la voie à de nouveaux apprentissages.

4/ Consolider l’acquis

Rappelez-vous les premiers temps où vous essayiez de lire. Ou vos premiers pas vers le permis de conduire. Etait-ce facile ? Automatique ? Pas vraiment…

Il faut un certain temps pour que le cerveau intègre et automatise la multitude de signaux lui arrivant lors d’un nouvel apprentissage. Pour apprendre donc, l’enjeu sera d’accomplir ce transfert de l’explicite vers l’implicite.

L’utilisation du jeu va permettre une répétition qui va progressivement aider à la mémorisation de l’apprentissage.

Le jeu du mois… Anne Onyme !

Sortez de l’anonymat, dynamisez vos pédagogies avec cet outil ludique.

45 cartes illustrées pour vous permettre d’expérimenter différents modes de jeu :

– exprimer un ressenti
– explorer des solutions
– faire du rebond en brainstorming
– animer vos formations – réunions – interventions et séances de coaching…

Références

(1) Réveiller le désir d’apprendre, Agnès Baumier-Klarsfeld, p10
(2) 85% des métiers de 2030 n’existent pas encore selon une étude. https://www.rtl.fr/actu/futur/85-des-metiers-de-2030-n-existent-pas-encore-selon-une-etude-7789404993
(3) D’après Changez l’école ! La révolution qui va transformer l’éducation, Ken Robinson
(4) https://www.docendi.com/blog/gamification-formation-modalite-dapprentissage-a-fort-impact/
(5) Pour plus d’informations : http://parisinnovationreview.com/article/les-quatre-piliers-de-lapprentissage-stanislas-dehaene
(6) L’innovation pédagogique, André Tricot, p25
(7) Réveiller le désir d’apprendre, Agnès Baumier-Klarsfeld, p120